–  Vendredi 31 mars 2017

Rencontre avec Isabelle Zitelli Ducarre, 41 ans, mariée et maman de deux enfants Tara, 11 et demi, et Noah, 7 ans. Partie en 2016 pour la première fois à Lourdes en tant qu’hospitalière, elle a accepté de se confier sur cette expérience.

Quel a été l’élément déclencheur de votre venue à Lourdes en tant qu’Hospitalière ?

Ma fille atteinte de cardiopathie congénitale part à Lourdes avec sa grand-mère depuis l’âge de 3 ans (2008), et l’année dernière j’ai gagné le billet au tirage de Saint-Nizier-sous-Charlieu. Claudie (Fargeat) m’a également soutenue et encouragée à partir. C’était donc une évidence, un signe…

Avez eu des appréhensions avant partir ?

Un petit peu, car lors de la réunion d’informations pour les premières années que l’on fait à Roanne, on nous bombarde d’informations en tous genres mais on ne peut pas tout retenir alors j’ai eu un peu peur d’en oublier, mais une fois sur place, nos marraines, Arlette et Gisèle sont tip top et aux petits soins avec nous et tout se passe super bien.

En première année, le planning est intense, quels ont été les points forts ?

Le contact avec les malades, c’est une chose que l’on ne peut pas décrire. Le moindre petit geste, le moindre sourire, la moindre petite attention, nous avons l’impression de leur donner tout l’or du monde.

Les piscines où j’ai œuvré une demie journée, uniquement du côté où l’on aide les personnes à s’habiller, car du côté « bain » mes larmes ne cessaient de couler. Les malades nous dégagent une émotion phénoménale, c’est indescriptible. Nous avons l’impression qu’un miracle vient d’arriver, c’est une telle émotion, ils nous tombent dans les bras, nous disent merci, merci dans différentes langues. Enfin c’est indescriptible, c’est très très fort comme émotion.

Comment la mission d’hospitalière nourrit-elle humainement et spirituellement ?

Le côté humain, nous le retrouvons du côté des pèlerins en accueil, certains malades n’ont plus de famille, vivent seuls et ont très peu de visites, donc le peu d’attention qu’on leur accorde ça leur fait un bien fou, ils sont super contents. L’échange avec les malades, ils nous évoquent leur passé, cette relation intergénérationnelle est enrichissante et eux s’enrichissent de nos petits gestes de nos petites attentions.

Spirituellement, c’est propre à chacun. Pour ma part, j’évoquerais un autre moment fort de cette semaine (Merci à Michel Mollaret et Charly Magdinier) ma fille a pu faire pour la première fois le « vrai » chemin de croix, elle a marché jusqu’à la 6ème station puis, trop fatiguée, a terminé en fauteuil roulant. Ce jour-là j’ai réellement fait mon chemin de croix accompagné de ma fille, j’ai essayé de porter sa maladie mais je n’y suis pas arrivé. C’était un moment très fort.

A votre retour de cette semaine intense en émotion, comment avez-vous retrouvé le chemin de la réalité ? Avez-vous eu besoin d’un temps d’adaptation ?

Les émotions on les garde en nous. En tant qu’hospitalier, pèlerins en accueil (malades) ou accompagnant, les émotions que nous vivons à Lourdes, c’est indescriptible.

Souvent ma fille me disait en revenant de Lourdes, « ce que je vis là-bas je ne peux pas le décrire », aujourd’hui je comprends pourquoi. L’émotion que l’on vit c’est vraiment propre à chacun. Nous oublions nos problèmes quotidiens pendant une semaine, c’est vraiment un autre monde. Nous ne pensons pas à nous, mais aux autres en premier. Il n’y a pas de différence entre les hospitaliers, tout le monde s’entraide. Nous rencontrons des gens formidables, des amitiés se créent. C’est vraiment un autre monde, nous avons l’impression d’être dans une bulle.

Vous repartez cette année, qu’attendez-vous de plus lors de ce second pèlerinage ? 

J’ai vécu tellement d’émotions, durant ces quelques jours et je me suis sentie vraiment utile par le peu que j’ai fait. Donner une semaine de son temps, sur une année, ce n’est pas grand-chose, donc j’y retourne avec plaisir.

Le seul regret que j’ai eu l’année dernière, à cause du planning trop chargé, je n’ai jamais pu communier à Lourdes, c’est donc mon souhait cette année. J’attends également de découvrir de nouvelles personnes, de faire de nouvelles rencontres.

Selon vous quels sont les traits de personnalités/caractères qui sont nécessaires pour devenir hospitalière ?

Je dirai tout simplement que tout le monde peut devenir hospitalier ou hospitalière car notre personnalité et notre caractère propre à nous fait notre force et c’est ce mélange de tous ces hommes et femmes qui s’engagent qui fait la force des Hospitaliers/hospitalières.

S’il y avait un seul mot pour décrire cette première expérience en tant qu’hospitalière à Lourdes… quel serait-il ?

INDESCRIPTIBLE

Et pour finir un mot à tous les réticents, à tous ceux qui n’osent pas franchir le pas…

Aller à Lourdes ça nous apporte beaucoup d’émotions certes, mais ça nous apaise aussi car ça nous permet de nous libérer de certaines angoisses, de certaines peurs. On se sent léger, pendant une semaine on se découvre, on est quelqu’un d’autre. Par exemple, lorsque je croisais ma fille à Lourdes avec sa grand-mère, je ne la reconnaissais pas, ce n’est pas la même que j’ai tous les jours à la maison.

 

Plus de 10 mois après ce premier séjour en tant qu’hospitalière, l’émotion d’Isabelle est encore présente. Comme Isabelle, chaque hospitalier fait un don de soi, précieux et indispensable pour accompagner les pèlerins en accueil. Cette année, elle servira en chambre et prévoit de faire partir dès l’année prochaine son fils, Noah, afin qu’à son tour il rentre dans cette bulle l’espace de quelques jours et en reparte grandi.